Le néoclassicisme : Peinture & Sculpture

LIVRE : CHRONOLOGIE DE L’HISTOIRE DE L’ART,

DE LA RENAISSANCE À NOS JOURS

BESCHERELLE – ÉDITION HATIER]

Il ne s'agit pas du RER, mais tous les rites ont ce genre de mise en garde. "On y relèvera, cependant, avec un grand intérêt, et selon un recul de deux siècles et demi, certaines caractéristiques rituelles demeurées intactes dans la pratique maçonnique, ou du moins dans la mémoire des francs-maçons."   (note du modérateur)

Chronique 180

1760 – Les Trois Coups distincts

par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

Publication de ce curieux ouvrage, intitulé : Three distinct Knocks (Les Trois coups distincts) ; un petit recueil rédigé en mauvais anglais par un auteur anonyme qui se présente dans le texte comme un « profane » – jamais initié – venu de Berlin, pour « ouvrir la porte de la Maçonnerie au monde entier ». On ne trouvera pas, dans ces Trois coups distincts, de révélations fracassantes, on n’y mesurera pas l’ampleur des mises en garde qu’a souhaité exprimer leur auteur. On y relèvera, cependant, avec un grand intérêt, et selon un recul de deux siècles et demi, certaines caractéristiques rituelles demeurées intactes dans la pratique maçonnique, ou du moins dans la mémoire des francs-maçons. Car figure ici le texte complet du rituel d’apprenti. On dessine d’abord un tableau à la craie ou au charbon sur le sol que l’on effacera plus tard avec une éponge et un seau d’eau.

Le maître de la loge interroge ensuite ses surveillants avant d’ouvrir les travaux :

Question. – Quelle sorte d’homme un Maçon doit-il être ?

Réponse. – Un homme né d’une femme libre.

Q. – Comment fûtes-vous admis ?

R. – Par trois coups distincts. Etc…

L’ouverture des travaux conduit à une cérémonie d’initiation.

Exprimant son serment de sa libre volonté et de son libre consentement, le nouvel initié accepte d’avoir, en cas de parjure, « la gorge tranchée, la langue arrachée à la racine, et d’être enterré dans les sables de la mer, à une encablure du rivage, là où la marée monte et descend deux fois par vingt-quatre heures (1) ».

Curieusement, les frères présents portent alors un toast « au cœur qui garde et à la langue qui jamais ne révèle ».

(1) que dire alors au RER, du sort qui pourrait être réservé à ceux qui déjà parjures ajoutent la félonie, pour "servir leurs passions et leurs intérêts personnels" . Voici ce que  dit le RER (Pour mémoire le rituel de réception au premier grade sur ce thème).

(...) "Le Vénérable Maître tient son épée la pointe haute, le pommeau appuyé sur l'autel. Tous les Frères, debout, tiennent la pointe de leur épée tournée contre le Nouvel Apprenti.
Aussitôt, le Second Surveillant enlève tout à fait le bandeau, et montre à l'Apprenti, avec son épée, le mot JUSTICE, et les épées des Frères."
"Le Vénérable Maître, après un moment de silence, dit:
Les lois de la justice sont éternelles et immuables. Celui, qui étant effrayé des sacrifices qu'elle exige, refuse de s'y soumettre, est un lâche qui se déshonore et se perd. N'hésitez donc jamais, mon Frère, et soyez juste envers tous les hommes, sans consulter vos passions, ni vos intérêts personnels. Ces armes que vous voyez tournées contre vous, ne sont qu'une faible image des remords dont vous seriez la proie, si vous aviez le malheur de manquer à la justice et à vos engagements" (...)

Concernant ce passage, on remarquera l'absence de " ton violence" dans le rituel de réception du RER, comparé à ce que l'on retrouve dans les rituels d'initiation de tous les autres rites. La rigueur n'est applicable qu'à soi-même, car le mot rigueur a trois dimensions sémantiques qui sont la dureté, la fermeté et l'exactitude. La dureté envers l'autre, est totalement exclue au RER. Elle ne peut concerner que soi-même. C'est l'image des remords, en analogie avec les épées pointées. Il s'agit du retournement de la rigueur vers soi-même.  "Ces armes que vous voyez tournées contre vous, ne sont qu'une faible image des remords dont vous seriez la proie". D'autre part il n'est fait allusion à aucun châtiment pour un secret qui serait dévoilé, et qui est le sens de la phrase qui a servi de titre à cet article: ""Au cœur qui garde et à la langue qui jamais ne révèle". et qui fait suite à la description du châtiment : " le nouvel initié accepte d’avoir, en cas de parjure,  la gorge tranchée, la langue arrachée à la racine, et d’être enterré dans les sables de la mer, à une encablure du rivage, là où la marée monte et descend deux fois par vingt-quatre heures" (...). 

(note du modérateur)

Chronique 180

1760 – Les Trois Coups distincts

par Guy Chassagnard